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avril 2012

Le sel de la vie

Le sel de la vie de Françoise Héritier – Odile Jacob, février 2012.

Quatrième de couverture : « Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d’exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c’est de cela que j’ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie. » F. H.
Dans cette méditation tout en intimité et en sensualité, l’anthropologue Françoise Héritier traque ces choses agréables auxquelles notre être profond aspire, ces images et ces émotions, ces moments empreints de souvenirs qui font le goût de notre existence, qui la rendent plus riche, plus intéressante que ce que nous croyons souvent et dont rien, jamais, ne pourra être enlevé à chacun.

Mon avis : ce livre n’est (presque) qu’une énumération de petites choses, d’émotions ressenties, de petits moments vécus particuliers pour l’auteur. Et c’est tout l’art de Françoise Héritier : rendre ces moments magiques encore plus magiques, ces petits détails précieux et indispensables pour soi. Ils sont ou deviennent le fil conducteur de notre vie, ils nous définissent plus ou moins, et, surtout, en plus de les apprécier, ils nous font apprécier le principal : être en vie. Un livre plein de sagesse.

Voici ses instants et autres broutilles qui sont aussi les miens/miennes :

-faire un feu qui crépite bien ;
-lire des polars ;
-avoir un parapluie quand il faut ;
-voir un beau feu d’artifice ;
-écouter gémir le vent ;
-regarder le feu ;
-choisir la croûte du pain bien cuit ;
-tricoter ;
-découper des images et faire des collages ;
-décoller en avion ou atterrir ;
-boire quand on a très soif ;
-faire des ricochets ;
-toucher les naseaux humides d’un jeune veau ;
-prendre un funiculaire ;
-se faire masser la tête ;
-finir un grand puzzle ;
-rêver d’aller au Machu Picchu ;
-s’attrister parce que les galets perdent leurs belles couleurs en séchant ;
-calculer le temps entre l’éclair et le tonnerre ;
-écrire à la main ;
-faire marcher sur son doigt une coccinelle ;
-s’émerveiller devant des Hokusai ou des calligraphies ;
-voir les draps qui sèchent retroussés par le vent ;
-trouver belles les éoliennes ;
-manger du réglisse…

« Et vous, qu’est-ce qui vous manquerait le plus si tout cela devait disparaitre à jamais de votre vie ? »

Sur le bout des doigts

Sur le bout des doigts d’Hanno – Éditions Thierry Magnier, collection Petite Poche, 2004.

...Achevé d'imprimer à tâtons...

Pour savourer entièrement ce petit bijou de 47 pages, je vous conseille de le lire avant de lire ce qui suit ou ce qui est écrit ailleurs…

Présentation de l’éditeur : c’est l’été, Tom fait du canyoning avec son père et son chien, la peur au ventre. À leur retour, à la maison, sa mère est partie à la maternité. Tom et son père partent la rejoindre, Tom découvre du bout des doigts sa petite sœur, Tom est aveugle.
Coup de cœur pour ce texte tout en sensations. Jamais le mot  » aveugle  » n’est prononcé, et le lecteur découvre la vérité en suivant les cailloux blancs du texte, s’il est attentif.
Sur le bout des doigts a reçu le Prix Sorcières 2005.

Mon avis : ce livre est une merveille… J’en suis sortie complètement bouleversée par cette sensibilité, cette pureté. Car oui, Tom est aveugle, mais on ne se doute de rien jusqu’aux premiers « cailloux blancs ». Le premier fut pour moi cette phrase : « Mais moi c’est les yeux. » Mais il y en avait avant. Ensuite, on comprend, mais c’est tout aussi troublant de le savoir. Et là, on prend encore une claque quand Tom fait connaissance, du bout de ses doigts, avec sa petite sœur Sandra. Un livre bouleversant à lire absolument !

« Depuis des mois on a ces mêmes discussions. Mais ça ne fait pas de mal de répéter. Ça rentre dans la tête. Comme la musique rentre dans les doigts, à forcer d’appuyer les touches sur le clavier du piano. Et après, c’est agréable de les laisser se balader tout seuls, de les sentir reconnaitre le chemin. » (page 31)

« Maman dit mon nom, je m’avance en tâtonnant. Elle est là, les genoux dressés sous un drap léger. Elle me prend la main et m’attire vers elle comme au bout d’une ligne de canne à pêche. Ses doigts se joignent en un nœud avec les miens au milieu. » (pages 42-43)

« Alors, c’est du bout des doigts que Tom vient chercher ce sourire au fond du berceau. C’est sans yeux qu’il voit les lèvres aux commissures retroussées […]. Des mains, il continue son chemin délicat, parcourant avec précaution le petit visage. Comme pour le modeler, mais c’est l’inverse. Ce sont les formes qui dans les mains s’inscrivent. Et c’est là, d’abord, que les creux, les courbes et les bosses viennent en mémoire prendre leur place. […] Tout un corps à apprendre à connaitre. » (pages45-46)

« Je trouve sa main, repliée sous le drap. […] Je la déroule et je la pose dans la mienne. Je la garde là, dans le creux. Plus tard, je lui apprendrai à voir comme moi. » (page 47)

Ecran total

Écran total de Christophe Léon – Éditions Thierry Magnier, collection Petite Poche, mars 2012.

...Achevé d'imprimer sous hypnose...

Quatrième de couverture : Dans cette famille, c’est le fils le plus raisonnable. L’achat d’un grand écran plat va transformer ses parents en spectateurs complètement accros à la télé, jusqu’à tout oublier de la vraie vie…

Mon avis : un petit roman efficace sur les excès de la télévision dans le cadre familial. Ce n’est pas ici les enfants qui en abusent, mais les parents d’Antoine, qui se voit complètement oublié et passé au deuxième plan aux yeux de ses parents, totalement obnubilés par leur tout nouvel « écran plat 127 centimètres plasma ». Plus le temps de dîner, de se parler, de répondre à la voisine qui sonne, de mettre au lit leur enfant. Plus rien ne compte sauf une seule chose : installer cette nouvelle télévision et la regarder. A lire absolument !

L’homme à l’oreille coupée

L’homme à l’oreille coupée de Jean-Claude Mourlevat – Editions Thierry Magnier, collection Petite Poche, janvier 2012 (11e edition).

...Achevé d'imprimer sans mentir...

Quatrième de couverture : dans un port de Norvège, un vieux marin raconte chaque soir comment il a perdu son oreille qui lui manque. Mais ce n’est jamais la même histoire ! A l’écouter, il a eu mille vies et l’a perdue mille fois, cette fameuse oreille… Qui saura un jour la vérité ? Personne sans doute, mais quelle conteur !

Mon avis : j’ai adoré ce petit roman de Mourlevat pour toutes les histoires que racontent ce vieux marin. Au bout de la deuxième (censée expliquer comme les autres la disparition de son oreille), on se dit que ce petit vieux sympathique perd la tête, mais on savoure d’autant plus les scénarios suivants, même les plus improbables, et surtout la fin. A lire absolument !

Tout le monde veut voir la mer

Tout le monde veut voir la mer d’Agnès de Lestrade, illustrations de Nathalie Choux – Editions du Rouergue, collection Zig Zag, novembre 2011.

Quatrième de couverture : on n’est pas obligé d’aimer la mer, non ? Si Marika accepte d’aller une journée à la plage, c’est uniquement pour faire plaisir à sa copine Sofia qui n’a jamais vu la mer. Elle, son rêve, c’est faire du cheval. Pourtant, à la mer, chacun se montre sous un jour différent…

Mon avis : à contrecœur, Marika accompagne son amie pour une petite journée à la mer organisée par le Secours Populaire, avec les autres enfants du quartier. Marika n’attend rien de cette journée, et pourtant elle en reviendra plein de beaux souvenirs dans la tête. Des rires, des échanges, des découvertes, des surprises, comme Christian, la risée des autres garçons à l’école, devenu star d’un jour. Un joli petit roman, avec de belles illustrations en noir et blanc de Nathalie Choux.

« C’est drôle, la vie. Il y a des choses qu’on n’attend pas, qu’on ne souhaite pas et qui pourtant vous emportent. » (page 79)

Qui a tué michka ?

Qui a tué michka ? d’Irène Cohen-Janca – Éditions du Rouergue, collection Dacodac, janvier 2012.

Quatrième de couverture : Michka est bien plus qu’une simple peluche. Nora lui confie tout, même ce qu’ elle n’ose dire à personne. Michka est rempli de tous ses secrets. Mais où Michka a-t-il disparu ? A-t-il repris sa liberté ?

Mon avis : Nora, la narratrice, a le sentiment que le monde s’écroule depuis qu’elle et sa famille ont déménagé et se sont installées dans cette maison. Plus rien ne va. Non seulement elle se retrouve en décalage avec sa famille (ils sont tous heureux de ce changement, elle aimerait tant retourner dans leur ancien appartement), mais dans le déménagement elle a perdu Michka (une peluche à qui elle disait tous ses secrets et la « nourrissait » même avec). Et le pire de tout, elle se met en tête que sa mère a changé radicalement de comportement envers elle et ne l’aime plus car elle aurait été adoptée. Mais au final, sa maman sera la clef de tous ses tourments, et Nora comprendra pourquoi Michka est parti, en dévoilant ses secrets. Un beau roman sur la relation mère-fille, et l’importance de communiquer avec ceux qu’on aime.

Destins #14 Ellen

Destins, tome 14 Ellen, scénario de Franck Giroud, dessin de Michel Durand, couleurs de Meephe Versaevel – Glénat, janvier 2012.

Présentation de l’éditeur :
À la fin du Hold-up, premier tome de Destins, Ellen Baker se voit confrontée à un dilemme cornélien : qu’elle avoue un crime vieux de quinze ans, ou qu’elle garde le silence, elle verra sa vie bouleversée… mais dans un sens radicalement différent selon le choix effectué.
Dans les volumes suivants, les scénaristes ont exploré les deux options, ainsi que les ramifications surgissant à chaque nouvelle alternative. C’est ainsi que l’existence d’Ellen -long fleuve tout sauf tranquille- a suivi cinq cours différents. Cinq branches qui se rejoignent en un unique épilogue dans ce quatorzième et dernier opus. Récemment muté dans un asile perdu de la côte australienne, le docteur Gordon Blake est fasciné par une pensionnaire dont on ne connaît pas même le prénom. Personne ne sait pourquoi elle a échoué là… ou plutôt, les hypothèses sont multiples et contradictoires…

Mon avis : j’ai commencé cette série ici, je l’ai poursuivi . Dans un premier temps séduite par ce concept de « multi-scénarios », avec des tomes scénarisés et dessinés par des personnes différentes, et par l’histoire elle-même, je me suis finalement perdue dans cette multitude de fins possibles. Et en découvrant la toute dernière planche de ce dernier tome, j’ai ce sentiment pas toujours agréable de ne pas avoir tout compris dans cette série. Je pense que relire ces tomes les uns après les autres, sans attendre leur parution, doit permettre de mieux saisir ces Destins.

      

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